L’asclépiade : valoriser la soie c’est bien, mais valoriser le plant entier c’est mieux!

15 septembre 2021

 

Auteure : Annabelle St-Pierre, chercheuse chez Innofibre

L’asclépiade a gagné en popularité au Québec pour la valorisation de sa soie. Cette plante suscite énormément d’intérêt dans l’industrie du textile pour la confection de vêtements chauds, car sa fibre tubulaire est légère, hydrophobe, hypo allergène et elle présente une capacité d’isolation thermique importante. Afin d’apporter son support au développement de la filière de la production d’asclépiade, l’équipe d’Innofibre a effectué un projet de recherche pour en apprendre davantage sur les voies possibles de valorisation de cette biomasse.

 

L’asclépiade, une plante fascinante

Saviez-vous que si vous observez de beaux papillons monarques lors de vos promenades, c’est parce qu’il y a des plants d’asclépiade dans les environs? En effet, il existe quatre espèces d’asclépiades indigènes au Québec et elles sont, à elles seules, la source exclusive de nourriture des larves du monarque. Bien que cette plante fût considérée longtemps comme une mauvaise herbe, cette vivace joue un rôle crucial d’un point de vue écologique.

Il faut savoir que l’asclépiade était utilisée depuis déjà longtemps, bien avant d’être cultivée plus intensément. Les premières nations récoltaient cette plante médicinale pour ses bienfaits sur la santé humaine et aussi pour ses propriétés nutritives dans l’alimentation.

Aujourd’hui une nouvelle industrie s’organise autour de la valorisation de cette plante, depuis plusieurs années des agriculteurs tentent l’aventure de la production d’asclépiade, des « starts-ups » voient le jour pour créer des produits innovants à base d’asclépiade. Cependant, de nombreux éléments demeurent fragiles dans la chaîne de valeur de cette industrie émergente, notamment en raison du manque d’entreprises intermédiaires impliquées dans la transformation de l’asclépiade. Innofibre s’est penché sur certains défis techniques de cette filière industrielle pour valoriser différentes composantes de cette vivace aux multiples propriétés.

 

 

Des feuilles en soie d’asclépiade pour la confection de manteaux

Les travaux en laboratoire se sont concentrés, dans un premier temps, sur le développement de papier à base d’asclépiade pour son utilisation comme isolant mince et souple dans les manteaux. L’idée de densifier la soie d’asclépiade sous forme de feuilles a pour objectif de faciliter la manutention de cette matière très volatile. Des essais ont été réalisés avec différentes méthodes de préparation de pâte et différents mélanges. Des feuilles ont été fabriquées avec de la soie d’asclépiade seule ou en mélange avec différentes proportions de chanvre, de follicules d’asclépiade et d’amidon.

Les résultats ont démontré que la présence d’amidon était bénéfique pour assurer une cohésion entre les fibres et assurer une bonne isolation thermique. Cependant, la présence d’amidon a pour effet de diminuer la souplesse. Le défi est de trouver un compromis entre l’adhésion, la souplesse et l’isolation thermique.

Les différents essais ont permis de faire quelques découvertes intéressantes : le fait de presser la feuille d’asclépiade à une certaine température permet d’obtenir une feuille souple avec une bonne adhésion des fibres entre elles. Aussi, il a été démontré que la présence de follicules d’asclépiade était favorable à l’adhésion des fibres. Cette découverte laisse croire que le latex, contenu dans les follicules, pourrait servir comme liant naturel.

 

 

Le potentiel des graines et des follicules dans le développement d’ingrédients nutraceutiques

La deuxième partie du projet de recherche s’est intéressée à la caractérisation chimique des graines, des tiges et des follicules afin de trouver une voie additionnelle de valorisation à cette plante. D’abord, le prétraitement aux ultrasons, suivi d’une extraction par solvants organiques a permis d’obtenir plusieurs composés d’intérêt. En effet, une analyse de la composition chimique par chromatographie gazeuse, couplée à un spectre de masse a démontré que les graines et les follicules de l’asclépiade contiennent plusieurs acides gras tels que l’acide oléique, l’acide palmitoléique et l’acide linoléique. Il s’agit des omégas 3, 6 et 9, qui sont des lipides reconnus pour leurs bienfaits dans l’alimentation humaine. À l’inverse, les tiges montraient une dominance en acide palmitique, un acide gras saturé, non souhaitable dans l’alimentation.

Aussi, cette analyse a permis d’identifier, dans les graines principalement, les triterpènes α-amyrin et β-amyrin. Ces terpènes, qui se retrouvent dans une large variété de plantes, sont reconnus pour leur activité anti-inflammatoire.

 

 

En somme, les travaux ont permis de démontrer que l’asclépiade peut être valorisée de différentes façons. D’une part les travaux réalisés par Innofibre ont pu faire émerger des solutions pour transformer la soie en feuille pour faciliter la confection de vêtements isolants. De plus, les recherches ont permis de démontrer le potentiel des graines et des follicules d’asclépiade pour le développement d’aliments fonctionnels. Ces résultats préliminaires peuvent inspirer les producteurs d’asclépiade à tirer le plein potentiel de cette plante en valorisant plusieurs de ses composantes. De plus, de nouvelles entreprises ayant une expertise en conditionnement pourraient y voir un bénéfice et venir renforcer la chaîne de valeur de cette filière émergente.

 

 

 

 

 

 

 

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