Économie biosourcée, économie quoi? 

24 septembre 2021

Auteur : Chloë Boulanger, chargée de projet chez Innofibre

 

Le monde est en pleine mutation. L’innovation s’accélère pour répondre aux défis planétaires de notre siècle. Avec ce mouvement de fond, un nouveau lexique a vu le jour : Écoproduits, bioénergie, produits verts, bioproduits, écoconception, carboneutralité, etc. Ces termes redéfinissent notre monde. Parmi ces mots, « biosourcé » a récemment pris une plus grande place dans nos conversations, particulièrement dans la bouche d’une population issue d’un territoire comme le Québec où l’exploitation des ressources occupe encore aujourd’hui une place importante dans l’économie nationale.

 

Économie biosourcée 101

Selon le Consortium de recherche et innovations en bioprocédés industriels au Québec (CRIBIQ), l’économie biosourcée englobe l’ensemble des activités liées simultanément à la production, à la valorisation et à la transformation des bioressources, vierges ou résiduelles, agricoles, forestières, aquatiques ou urbaines dans une vision de développement durable ayant au cœur de cette économie, nos collectivités. Les produits issus de ces activités sont destinés à répondre aux besoins alimentaires et industriels.

Les ressources biosourcées sont issues de différents secteurs d’activités de l’économie. On compte parmi ceux-ci : la foresterie, l’agriculture et la transformation agroalimentaire, les ressources aquatiques et algales ainsi que la matière résiduelle issue de différentes industries. Il importe de dire que l’économie biosourcée est basée sur la production et la valorisation des bioressources dans une approche d’économie circulaire tel qu’illustré ci-dessous.

 

 

Les produits issus des bioressources sont destinés aussi bien aux usages quotidiens des consommateurs (aliments santé, bio-ingrédients actifs, produits sanitaires, cosmétiques, peintures, etc.) qu’à des produits industriels (bioénergie, matériaux avancés, composites, enzymes, emballages, bioplastiques, solvants, enduits, bioadhésifs, biopesticides, biofertilisants, pâtes et papiers, extractibles forestiers et plus).

Afin de rendre le concept plus concret, on peut penser à la valorisation de résidus de productions agricoles qui, autrefois, étaient abandonnés dans les champs ou, dans certains cas, voués au site d’enfouissement. Par exemple, dans une optique de valorisation de ressources biosourcées, des tiges de maïs pourraient servir de matière première pour générer de l’énergie, être transformées en amendement pour le sol sous forme de biochar ou encore, être transformées en de nouveaux matériaux de construction auxquels les fibres de maïs pourraient être intégrées.

 

 

 

 

Les bienfaits environnementaux :

Au cours des derniers siècles, l’humain a perturbé de façon importante l’équilibre du cycle du carbone. Avec l’avènement de l’ère industrielle et de l’utilisation massive des ressources fossiles, le carbone stocké dans les sols s’est vu libéré dans l’atmosphère, pour ainsi compromettre l’équilibre qui prévalait. À ce phénomène, s’ajoute l’urbanisation, la déforestation, l’exploitation massive des ressources naturelles et la destruction de réservoirs naturels de carbone, tels les milieux humides.

Plus que jamais, il importe de laisser les ressources fossiles dans le sol et de veiller à tirer le plein potentiel de chaque ressource. En privilégiant l’approche de l’économie circulaire, ce sont les matières résiduelles, forestière, agricole ou industrielle, que l’on valorise en créant de nouveaux produits biosourcés. Ces innovations ont bien souvent l’avantage d’être compostables et d’avoir une faible empreinte environnementale. Elles sont une alternative intéressante pour lutter contre la prolifération des plastiques dans l’environnement.

 

 

Au Canada, selon une étude récente :

  • Plus de 3 millions de tonnes de plastiques ont été jetées comme déchets au Canada en 2016
  • Seulement 9 % de ceux-ci ont été recyclés.
  • Le plastique représente un fardeau pour notre économie, et représente 7,8 milliards de dollars en occasions perdues.
  • Lorsqu’il s’introduit dans l’environnement naturel, le plastique menace la santé de notre faune, de nos écosystèmes, de nos fleuves, de nos lacs et de nos océans.
  • En 2016, 29 000 tonnes de déchets de plastique sont entrées dans l’environnement au Canada en tant que pollution.

 

 

Les bienfaits économiques :

L’économie biosourcée est intimement liée au territoire duquel la matière première provient. Pour éviter des coûts du transport de la matière première, des emplois locaux de qualité et difficilement délocalisables seront générés. L’innovation a donc le pouvoir de servir de levier de développement pour de nombreuses régions du Québec.

De surcroit, diverses industries ont connu ou connaitront de grandes mutations au cours des prochaines années. L’économie biosourcée représente une réelle opportunité de réalignement stratégique pour ces dernières. On peut nommer l’industrie des pâtes et papiers qui a l’opportunité de convertir des équipements pour le conditionnement de la biomasse. À titre d’exemple, Innofibre a testé l’utilisation de sa machine à papier pour procéder à la déshydratation de microalgues.

 

 

Avec son vaste territoire, le Québec est un terreau fertile pour voir émerger des produits biosourcés innovants, respectueux de l’environnement. Néologisme ou non, l’économie biosourcée fait dorénavant partie du vocabulaire du 21e siècle. Avant toute chose, elle fait partie des solutions pour agir sur les défis environnementaux de notre époque. C’est une opportunité de taille pour contrer les menaces des changements climatiques.

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