Auteure : Chloë Boulanger, chargée de projet chez Innofibre
Récemment, le ministère de l’Économie et de l’Innovation lançait un appel de mémoires en vue d’élaborer la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation (SQRI) 2022 – 2027. Cette initiative se veut une opportunité de proposer les meilleures pratiques, les solutions novatrices et les avenues les plus porteuses pour favoriser la création de richesse au Québec à partir des activités de recherche et d’innovation et bâtir un écosystème d’innovation de calibre mondial. Dans la foulée de ces consultations, le CRIBIQ (Consortium de recherche et d’innovation en bioprocédés industriels au Québec) en collaboration avec Innofibre (Centre d’innovation des produits cellulosiques) déposait un mémoire proposant la mise en place de la Stratégie nationale de l’innovation en économie biosourcée.
La genèse du mémoire
En 2019, le CRIBIQ et Innofibre organisaient le premier forum innovation sur la bioéconomie au Québec (FIBEQ). L’évènement qui s’est déroulé à Trois-Rivières a rassemblé plus de 450 acteurs régionaux et internationaux (entreprises, donneurs d’ordre, instituts de recherche publics, agents de développement économique, scientifiques, etc.). Au cours de ce forum, les participants ont assisté à des conférences présentant des cas concrets de développement de bioproduits, de leur commercialisation et plusieurs conférenciers ont partagé leur vision du développement des filières industrielles basées sur les bioressources. Des interlocuteurs provenant de nombreux secteurs d’activités ont eu l’occasion d’échanger sur l’économie biosourcée à laquelle ils contribuent chacun à leur manière, qu’ils proviennent des secteurs de la production agricole et agroalimentaire, des biomatériaux, des bioproduits industriels, de la bioénergie ou d’une autre filière industrielle de l’économie biosourcée.
Depuis cet événement, les équipes du CRIBIQ et d’Innofibre ont réfléchi à l’importance de mettre en place une stratégie nationale de l’innovation en économie biosourcée à l’instar de celles qui ont été mises en place dans plusieurs pays de l’OCDE.
Une économie pour tout le Québec et à haute valeur ajoutée
Rappelons que l’économie biosourcée englobe l’ensemble des activités liées simultanément à la production, à la valorisation et à la transformation des bioressources, vierges ou résiduelles, agricoles, forestières, aquatiques ou urbaines. En consultant le mémoire, on peut y lire que : « l’économie biosourcée est donc à la croisée de plusieurs secteurs d’activité qui valorisent les bioressources. Agriculture, forêt, transformation alimentaire, bioénergie (éthanol, biodiesel, biochar, Bio-jet-fuel etc.), produits chimiques industriels (biobitume, bioadhésifs, enzymes; solvant, produits sanitaires, etc.), biomatériaux (biocomposites, bioplastiques, autres biopolymères), technologies environnementales (captage et biofixation du CO2, bioremédiation des sols, des eaux et de l’air, valorisation des déchets, biocapteurs, etc.), sont toutes des filières industrielles concernées par la stratégie nationale de l’innovation en économie biosourcée .» En rafale, annuellement, l’économie biosourcée au Québec c’est un PIB de 20 885 M$, 79 811 emplois, 48 978 entreprises et un chiffre d’affaires cumulé de 58 284 M$. Pour une économie comme le Québec, qui repose, entre autres largement sur l’exploitation de ressources naturelles, il devient nécessaire de mettre en place une stratégie permettant de favoriser l’innovation dans l’économie biosourcée et l’émergence d’industries à haute valeur ajoutée.
À cette fin, le CRIBIQ et Innofibre proposent de développer une vision concertée à l’égard de l’économie biosourcée et partagée par l’industrie, les collectivités, les institutions publiques de recherche ainsi que différentes instances gouvernementales. À lui seul, le gouvernement provincial détient 6 ministères directement concernés par le développement d’une économie biosourcée, soit : le ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI), le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (MERN), le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) et le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES). Pour favoriser les collaborations fructueuses, et ainsi bâtir efficacement de nouvelles opportunités économiques, il importe de favoriser un travail concerté et de se doter d’un véritable outil stratégique pour cette économie avec des objectifs précis à atteindre.
Les retombées potentielles d’une telle démarche sont considérables et pourraient avoir une portée pour l’ensemble des régions du Québec. L’économie biosourcée présente de nombreux avantages en termes de développement économique, de création de richesse, de solutions aux enjeux environnementaux et de vitalité régionale.
24 actions bien concrètes
Le CRIBIQ en collaboration avec Innofibre propose donc dans son mémoire 24 actions à considérer dans le cadre d’une stratégie nationale de l’innovation en économie biosourcée. Parmi celles-ci, des actions touchant tant les domaines de la fiscalité des entreprises, le soutien des municipalités dans l’implantation d’innovations dans ce domaine, du financement des centres de recherche, les modalités d’appel d’offres public, la formation de la main d’œuvre, la mise en place de chaires de recherches multidisciplinaires et intersectorielles ainsi que la création d’au moins un hub de bioproduits.
Pour prendre connaissance des 24 actions, l’ensemble du mémoire est disponible en téléchargement en suivant le lien ci-dessous.
Mémoire : Stratégie – Économie Biosourcée